Close

Reviews – Le Monde (French)

Baudou, Jacques, ” Science-fiction – livraisons”, Le Monde, 8 June 2001.

NEVERWHERE, de Neil Gaiman

Premier roman solo traduit en France de ce scénariste réputé de bande dessinée, Neverwhere est à l’origine un scénario de feuilleton TV pour la BBC. Déçu par la pauvreté de la mise en images, le scénariste s’est mué en romancier afin de donner toutes ses dimensions à l¹histoire qu’il avait imaginée, si magnifique et si baroque que le lecteur n’a aucun mal à comprendre pourquoi Gaiman ne s’est pas résolu à abandonner cet univers de fantasy à sa plate illustration télévisée. Neverwhere nous entraîne dans un Londres dédoublé où, à la ville réelle, se superpose une ville magique, labyrinthique, souterraine, peuplée de personnages forts en gueule, hauts en couleur, aux pouvoirs étonnants. Et allant d’un Londres à l’autre, au fil d’une intrigue endiablée, un jeune homme qui, au terme de cette aventure déjantée décidera qu’il ne tient pas à « être sain d’esprit ». Eblouissant ! (Traduit de l’anglais par Patrick Marcel, « J’ai lu fantastique », 352 p., 41 F [6,25 ].)

—–

Baudou, Jacques, “Science-fiction – livraisons”, Le Monde, 1 June 2001.

STARDUST de Neil Gaiman. Traduit de l’anglais par Frédérique Le Boucher, J’ai lu, « Millénaires », 232 p., 89 F (13,56 ).

Narrer un conte de fées aux enfants que nous ne sommes plus est la gageure réussie de Neil Gaiman. Cet enchanteur malin a beau se cacher derrière les références culturelles – Le Voyage du pèlerin de John Bunyan ou le Tristram Shandy de Lawrence Sterne -, ce qui séduit surtout dans son merveilleux voyage en Féerie, c’est qu’il a pris résolument le parti de jouer avec la galerie complète des personnages de contes de fées: licorne, petit peuple farceur, sorcières expertes en sortilèges, prétendants au trône en quête du talisman qui leur conférera le pouvoir, jeune amoureux errant à l’aventure pour les beaux yeux de sa belle, princesse victime d’un maléfice qui l’a métamorphosée en animal. En y ajoutant toutefois une petite touche personnelle avec le personnage de l’étoile filante transformée en jeune femme nostalgique du firmament. Et une dose de cruauté toute shakespearienne qui colore le tout d’humour noir. Mais surtout, c’est qu’il les a mis en scène, avec un sens très avisé des trajectoires, dans une intrigue qui ne cesse de ravir le lecteur par son déroulement ingénieux. Avec ce conte d’un charme fou, Neil Gaiman confirme, après Neverwhere et Miroirs et fumées, qu’il est un auteur de première magnitude.